La peinture narrative sous la dynastie Ming par Cédric Laurent, professeur en langue, littérature et civilisation chinoise à l’Université de Rennes 2.
Des récits, comme La nymphe de la rivière Luo de Cao Zhi (192-232) ou La Source aux fleurs de pêchers de Tao Yuanming (372-427) ont été mis en image à de très nombreuses reprises, toutes époques confondues. Au sein de cette production picturale, la tradition narrative des oeuvres en rouleaux horizontaux occupe une place importante car c’est la plus ancienne et de ce fait elle fonde toute l’iconographie du thème. Malheureusement, le plus souvent ces oeuvres ont disparu et nous ne disposons plus que d’oeuvres des XVIème et XVIIème siècles, période à laquelle les peintres de Suzhou remirent au goût du jour le genre narratif en copiant ou réinterprétant les modèles anciens.
Les peintures narratives présentent un développement iconographique extrêmement riche qui pose de nombreux problèmes d’interprétation. En effet les peintres ont représenté maints détails iconographiques extérieurs au texte qui sortent du cadre strictement illustratif. Ces apports ne visent pas seulement à enrichir la peinture sur le plan visuel, mais ils sont porteurs d’une signification forte à laquelle les spécialistes se sont peu intéressés. Ces éléments secondaires font référence à d’autres textes et fonctionnent comme des citations littéraires au sein de la peinture, ce qui constitue un enrichissement et une réinterprétation des textes. Cette utilisation de la peinture comme commentaire littéraire pose la question de la réception de l’oeuvre dans les milieux lettrés.
Cédric Laurent,
Professeur en langue, littérature et civilisation chinoises, université Rennes 2
« J’enseigne la littérature classique et l’histoire de l’art chinois et mène des recherches sur les relations entre la peinture et la littérature en Chine.
Mes travaux sur la peinture Ming (1368-1644) consistent en un décryptage des motifs peints à l’éclairage de la littérature classique.
Mes recherches s’ouvrent à une large variété de domaines, de la peinture érotique, à la culture de l’encens et même à l’art contemporain.
Cette approche permet notamment de comprendre les significations oubliées d’images trop souvent perçues comme de simples paysages ».
Cédric Laurent a notamment publié :
- Voyages immobiles dans la prose ancienne : la peinture narrative sous la dynastie Ming,
Paris, Les Belles Lettres, 2017.
- Retrouver son Coeur : La méditation dans la peinture et la poésie chinoises du XVe au XVIIe siècle,
Paris, L’Asiathèque, 2021.